PALAIS DE JUSTICE DE ROBERVAL

DEUX ENTITÉS TEMPORELLES : UN SEUL COMPLEXE JUDICIAIRE

Le projet du Palais de Justice de Roberval consiste, d’une part, en un réaménagement de l’édifice initial construit en 1910 et, d’autre part, en un agrandissement contemporain aux abords du lac Saint-Jean. Situé au cœur du centre historique de Roberval, le concept architectural propose la création d’un complexe judiciaire formé de ces deux volumes définissant une nouvelle place publique connectée au parcours riverain. Le corps principal de l’édifice historique est restauré et devient la pierre angulaire de l’organisation fonctionnelle et de la formalisation architecturale. Dégagé de ses annexes construites dans les années 1950, il est mis en valeur par un agrandissement positionnant les principales circulations publiques et les aires d’attente au pourtour de cette nouvelle place publique, dans un but avoué de soutenir des dialogues avec les panoramas s’ouvrant sur le lac. L’axialité de l’entrée existante est maintenue, soulignée par la présence d’une tourelle. Elle se prolonge par une nouvelle entrée côté lac, donnant sur l’espace public où siège une œuvre d’art, en réponse à la percée visuelle de l’avenue Roberval. La salle d’audience civile est positionnée dans le bâtiment historique, permettant de lui insuffler une fonction symbolique d’importance. Les autres salles d’audience vouées à la jeunesse et aux causes criminelles sont situées dans l’agrandissement, regroupant du même coup la nécessaire logistique liée aux circulations privées et sécuritaires.

UN PAYSAGE UNIQUE

Cette nouvelle composition des volumes architecturaux met en valeur les qualités intrinsèques du site, en accentuant son rôle d’interface institutionnelle entre la ville et l’époustouflant paysage naturel du lac Saint-Jean. L’agrandissement s’insère délicatement dans le milieu urbain par une réponse volumétrique assumée sur la rue Saint-Joseph, établissant un rapport d’échelle sensible avec le bâtiment historique. Côté lac, l’agrandissement joue de transparences, proposant des dialogues soutenus entre les activités judiciaires publiques et les composantes du paysage. L’agrandissement donne l’impression de se projeter vers le lac, laissant aux usagers toute la latitude pour embrasser visuellement les panoramas urbains et aquatiques. Le nouveau hall traversant magnifie cette relation unique entre la ville et le littoral.

DIALOGUE ENTRE PATRIMOINE ET CONTEMPORANÉITÉ

L’enveloppe du complexe judiciaire se compose d’une subtile cohabitation de techniques traditionnelles et de technologies contemporaines. Une certification LEED étant envisagée, l’ensemble doit présenter une performance énergétique élevée tout en assurant la pérennité de l’ouvrage historique. Ainsi, la restauration de l’enceinte de maçonnerie porteuse en granit local donne le ton à l’ensemble des interventions techniques et architecturales. De la pierre récupérée, concassée et insérée dans des gabions revêt l’assise de l’agrandissement. Aux matériaux d’origine se juxtaposent des interventions épurées qui permettent de mieux les révéler. Le revêtement d’aluminium blanc contraste avec le granit par sa légèreté et assure une présence complémentaire au volume contemporain et un rapport d’échelle équilibré, malgré son envergure. Le verre clair, sérigraphié ou légèrement réfléchissant agit tantôt comme filtre, tantôt comme stratégie bioclimatique, soulignant les différents niveaux de relations visuelles souhaitées entre l’intérieur et l’extérieur. À défaut d’avoir pu sauver quelques parties du décor intérieur d’origine, le nouveau hall, ouvert sur trois étages, permet de redonner au palais initial ses lettres de noblesse en cohérence avec sa stature urbaine dotée d’une certaine monumentalité. Dans la foulée de la vision du ministère de la Justice, le nouveau hall est de plain-pied avec la nouvelle place publique, lui conférant une accessibilité accrue. L’escalier principal s’y déploie et agit comme point de départ des circulations publiques. Les interventions contemporaines intérieures tablent sur les valeurs de sobriété, pérennité et solennité associées à la justice. Les revêtements muraux et mobiliers en chêne procurent une présence enveloppante et chaleureuse dans les espaces publics. L’intérieur des salles d’audience poursuit les mêmes attributs, appuyés par un éclairage promulguant des ambiances douces et feutrées nécessaires aux activités judiciaires. Les dispositifs acoustiques en acier perforé des salles d’audience évoquent les paysages de la forêt boréale de la région.

Client : Société québécoise des Infrastructures / Ministère de la Justice
Ville : Roberval
Année de réalisation : 2018-2023
Équipe : Groupe A, en consortium avec GLCRM et ATSH architectes
Faits saillants : Réaménagement : 1 450 m². Agrandissement : 6 570 m². Projet BIM-PCI visant une certification LEED.